Comprendre le rôle des images dans la construction identitaire et les vulnérabilités de certains jeunes
Recherche menée par Sophie JEHEL, Centre d'études sur les médias, les technologies et l'internationalisation (CEMTI), Université Paris 8 Saint-Denis
Recherche débutée en 2015 - Achevée en 19/10/2017
Référence : 15-07
Type de projet : Projet spontané
Présentation de la recherche
Cette recherche visait à mettre à l’épreuve trois hypothèses : la vulnérabilité spécifique de certains jeunes face au contenu des images violentes, sexuelles et haineuses (VSH), aux côtés d’autres sources de vulnérabilité mieux connues ; le rôle de la difficulté de symbolisation (notamment la maîtrise de l’écrit) dans la capacité à se distancier des images ; le potentiel éducatif que représente le travail d’élaboration avec les adolescents autour des images et des émotions qu’elles suscitent.
Ces hypothèses ont été testées par l'équipe de recherche auprès de 200 adolescents de 15 à 18 ans. Dans une première phase (2015-2016), des entretiens semi-directifs, collectifs et individuels, ont été conduits avec 99 adolescents, donnant lieu à une analyse en psychologie clinique et en sociologie de la réception. Dans une seconde phase (2016-2017), des ateliers ont été organisés permettant aux jeunes (101 adolescents) de réagir sur les premiers résultats et de proposer des pistes d’action. Des entretiens et des ateliers ont été conduits également avec les personnels éducatifs dans les différentes structures, ainsi qu’avec des parents. Trois types de terrains ont été explorés : établissements scolaires recrutant des élèves de milieu social favorisé, établissements scolaires recrutant des élèves de milieu social populaire, établissements de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) ou en contrat avec l’Aide sociale à l'enfance (ASE).
Quatre stratégies dominantes de réception des images ont été observées : l’adhésion aux images et à leur message, avec une gamme de réactions allant de la jouissance à la sidération ; l’indifférence qui s’accompagne souvent d’un sentiment d’impuissance et de découragement ; l’évitement qui peut être circonstancié et répondre à une expérience personnelle ou dicté par les canons d’un dogme intégriste ; l’autonomie entendue comme capacité à décrypter de façon personnelle les messages compris dans les images vues. Elles sont apparues dans les trois terrains mais avec des modalités et une prédominance différente. L’enquête a pu mettre en évidence les difficultés que représentent pour des adolescents la confrontation régulière à ce type d’images sur internet, notamment sur les réseaux sociaux, la demande de soutien des parents, particulièrement dans les milieux modestes, les inquiétudes des professionnels, en particulier de ceux qui ont en charge les plus vulnérables et l’intérêt des adolescents pour réfléchir collectivement à ces sujets et proposer des actions de sensibilisation en direction des plus jeunes.